La calligraphe et le vent par : Mokhtar El Amraoui –Bizerte –Tunisie

Mokhtar El Amraoui

 
Quand la calligraphe s’arrêta de danser,
Le vent lui demanda
Où elle avait emmené toutes ses lettres.
Elle lui rétorqua,
En riant en fleurs,
Oubliant ses pleurs,
Qu’elles n’étaient rien d’autre que son souffle !
« Et tous ces parchemins alors
Que sont tout ce sable si fin,
Toutes ces mers,
Tous ces fleuves,
Tous ces océans,
Toutes ces nuits si lourdes d’attentes
Et tous ces pas éreintés par tant de distances ?
– Vois, là-haut, au firmament !
Vois bien, vent, dans les yeux de mes ans,
Toutes ces ailes qui écrivent,
Toutes ces ailes qui dérivent
Dans leurs fièvres sereines, en filaments,
Les serments des jours, les sermons des ans ! »
Résonnent d’amours et de parcours,
En douces flûtes, en ouragans,
En complaintes de séparations,
Les chemins des âges, les horizons et leurs naufrages,
Les douces vagues, les lâches tempêtes et leurs oraisons,
Tapissant de routes amènes, de déroutes, les pèlerinages
Des assoiffés de lumière, habillés de fiers haillons,
Défiant outrages, chaînes et carnages
Où l’aube grimée, dans sa nécessité,
S’accouple à la grimace naissante des nuits des hasards,
Pour redonner, aux muets, leurs couplets d’antan,
Pour qu’à la cithare revienne le chant,
Pour qu’aux étoiles pousse la graine en champs !

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