Les archives des commentaires de Mohamed Salah Ben Amor 1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1-6 :Bay rum (Tempête tropicale Ernesto – Août 2012) 19 septembre 2016 Jocelyne Mouriesse Baies des Antilles Parfum d’antan Entêtant de cyclones… Tant de tempêtes Aux iris indécents Sèment l’air de tambours battant Ardemment la retraite Retrouverai-je ce parfum Troublant de lune Et d’ouragan Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : A la première lecture , ce haïku semble être différent de tous ceux qui l’ont précédé parce que son noyau sémantique est, à ce qu’il parait , clair et net .Mais restons quand même sur nos gardes parce que l’auteure a plus d’un tour dans son sac et peut bien nous mener dans un faux chemin . L’idée charnière de ce mini-texte est , du moins au niveau de ses structures superficielles =, la même que celle de Marcel Proust dans son récit gigantesque A la recherche du temps perdu .En effet , le parfum d’antan convoité si ardemment par la locutrice ne fait que remplacer ici le goût de la madeleine si cher à ce fameux écrivain français .Mais ne nous faisons pas trop d’illusions, parce le contexte dans lequel se déroule l’action ici ne concorde pas avec le souhait de la locutrice . Comment aimerait -t-elle , en effet , revivre l’évènement destructeur et dévastateur de la tempête tropicale Ernesto alors qu’elle n’entraîne derrière elle que des dégâts et des morts ? ? Ainsi le fait d’émettre ce souhait étrange (ardemment la retraite retrouverai-je ce parfum troublant de lune et d’ouragan ) sape toute notre première interprétation et nous oblige à rebrousser chemin et changer de direction fusse-t-elle loin de plaire à l’auteure parce qu’elle y verrait peut-être une intrusion indécente dans la vie intime de sa locutrice .La seule explication qui nous semble cohérente avec ce souhait est que la tempête Ernesto n’est que le symbole d’une expérience amoureuse violente vécue à l’adolescence dans ces lieux et que rien n’ en a pu éteindre la vivacité au cours des étapes suivantes de la vie , tellement elle est restée gravée profondément dans la mémoire .Et dans ce cas , nous nous permettons de répondre à la question finale posée par la locutrice : “Retrouverai-je ce parfum troublant de lune et d’ouragan ?” que la roue du temps ne fait jamais marche-arrière et qu’il ne lui restera de cet amour qu’un loin souvenir teinté de nostalgie . Si c’est le cas mes excuses ! Mais rien ne m’étonnerait s’il s’avérera que j’ai passé encore une fois à côté du sens illocutoire de ce texte que seuls l’auteure et Dieu connaissent bien . 2016-09-19 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet