Le petit mendigot par :Ariel Boucher – poétesse française 13 septembre 2016 Ariel Boucher Ne reste pas assis Igor ou Dimitri Il fait un froid de loup Tu n’auras pas un sou Ravale tes sanglots S’en foutent les prolos Le monde n’est pas beau Pour un p’tit mendigot Retourne- t’en là-bas Chez toi dans ton ghetto Ton enfer ici-bas Te colle à la peau Ne reste pas ainsi Igor ou Dimitri Bientôt tombe la nuit T’auras, pas un radis Refoule tes larmes Le temps est aux armes Qu’est-ce qu’un mendigot ? Le mond’ tomb’ en morceaux Retourne chez les tiens Entre loups et chiens Es frèr’s de misère Ta propre guerre Ne reste pas ici Igor ou Dimitri N’exist’ Le paradis Que pour les biens nantis Arrête de pleurer Le monde n’est pas prêt A verser son écot Pour un p’tit mendigot Retourne d’où tu viens Demain qui se souvient Tu n’es qu’une ombre Parmi d’autres ombres Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: Ariel Boucher forme, à juste titre, avec Philippe Lemoine et Fatima Maaouia le trio en or de la poésie engagée sur facebook , du fait de leur conviction, tous les trois, qu’un contenu militant ne fait pas , à lui seul, d’un texte en vers un bon poème et que la poésie doit demeurer avant tout un art quelle que soit la noblesse des idées qu’elle véhicule . Et comme dans tous les genres poétiques, il n’existe aucune recette pour fignoler le côté esthétique, car chaque poète possède sa conception propre de ce qui fait l’essence de l’art poétique. Pour l’auteure de ce poème, là stratégie qu’elle adopte souvent pour atteindre ce but comporte l’usage de deux procédés principaux :le premier est le façonnage d’un discours multi-cibles, à l’instar de celui qui est énoncé dans ce poème, par la voix d’une locutrice et dont la portée varie d’une séquence à une autre, allant de la compassion (il fait un froid de loup-bientôt tombe la nuit ) au conseil (ne reste pas assis – ne reste pas ainsi – refoule tes larmes – arrête de pleurer …) à l’instruction (tu n’auras pas un sou – t’auras, pas un radis …), au regard philosophique sur les inégalités sociales ( ravale tes sanglots /s’en foutent les prolos /le monde n’est pas beau /pour un p’tit mendigot – n’exist’ le paradis que pour les biens nantis – tu n’es qu’une ombre parmi d’autres ombres …).Le second procédé est l’intensification du rythme interne par l’usage massif du mode impératif (ne reste pas : 3 fois -ravale – retourne – arrête – retourne) et de l’asyndète c.à.d. la suppression des conjonctions de coordination .A ces deux procédés s’ajoutent la forte charge émotionnelle que porte le sujet du mendiant et le niveau de langue utilisé, en l’occurrence, un français familier et populaire plein de mots et de phrases tronqués. Bravo Ariel ! Tu es toujours égale à toi-même !Un poème émouvant et bien réussi techniquement ! 2016-09-13 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet