Les nuits béantes de l’été par : Patricia Laranco – poétesse française- Paris 29 mai 2016 Patricia Laranco – poétesse française- Paris Les nuits béantes de l’été aboient leur musique à la lune. Fluide l’insomnie nous parcourt. En sa vastitude étirée l’élasticité du néant… Les cercles d’ombre ont profil bas mais également échine souple comme en la danse du totem. Vient un instant écarquillé où convergent tous les chemins éparpillés par le hasard Les mots deviennent poudreux tels de grands papillons tout gris , de pâles papillons de nuit aux battements d’ailes criards. Des gondoles glissent sur l’air et lissent soudain la pensée. A quoi rime de ne dormir sinon pour rester éveillé en une attente de veilleur vrillé par sa propre surprise ? Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : En principe , l’insomnie n’est pas liée à une saison particulière .Mais nous sommes d’accord avec la poétesse qu’en une nuit d’été , qui est le plus souvent suffisamment éclairée , le champ de vision du veilleur est traversée par des phénomènes optiques tels que les spectres , les silhouettes et des semblants de lumière qui contribuent à stimuler son imagination dans deux directions possibles : la peur pour les superstitieux et la contemplation créative pour ceux qui jouissent d’une sensibilité effilée et de grandes capacités attentionnelles et imaginatives .Appartenant incontestablement à cette deuxième catégorie – ce que prouvent tous ses écrits précédents- , l’auteure ,nous a gratifié d’un flot d’images absolument inédites dignes du grand Edgard Allan Poe .Et vous n’avez qu’à vous en rendre compte par vous-mêmes : Les nuits béantes de l’été aboient leur musique à la lune / Les cercles d’ombre ont profil bas mais également échine souple comme en la danse du totem/ vient un instant écarquillé où convergent tous les chemins éparpillés par le hasard…) et je me contente de citer ces trois exemples sinon je recopierai la totalité du poème .Passons , à présent , au contenu sémantique du texte .Les images perçues par la locutrice laissent filtrer un ensemble cohérent dont les éléments constitutifs sont distribués sur deux niveaux qui se rejoignent : d’un côté des éléments appartenant au champ de vision qui est , de par sa nature , externe et entretenant entre eux des relations tendues ou mystérieuses voire magiques ( nuit / lune – ombres / position basse – instant / chemins ) et l’autre l’être de la veilleuse et le monde extérieur dont les relations qu’ils entretiennent sont du même genre .Ce qui exclut une dimension romantique , en raison de l’absence d’accord mutuel et nous fait opter pour une dimension existentielle .Et dans ce cas , les images perçues et décrites par la locutrice nous apparaissent comme les résultats d’une projection de son état d’âme sur le monde extérieur existentiellement défini par Sartre et consorts comme inerte , amorphe et calfeutré dans un isolement total par rapport à l’être humain . Un excellent texte Patricia ! Bravo ! 2016-05-29 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet