Écrire par : Abdelmalek Rochdi – poète marocain 17 mai 2016 Écrire, Pour ne plus penser À la vie, avec son lot De soucis, De misère et D’injustice. Écrire Pour tromper le temps Qui nous attend, Au premier détour, A la moindre faiblesse. Écrire, Un autre monde, Y voir le sourire, Y sentir le bonheur Et juste pour une nuit, Du mien, oublier Les malheurs. Panser Les plaies avec Des mots de patience. Panser Les douleurs avec Des mots de soumission. Apprivoiser Les maux/mots Avec des mots/maux D’attente. En Guérir Avec des mots De louange ou En mourir d’un coup, Avec des mots de pardon Et de grand courage. Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Le poète marocain Abdelmalek Rochdi dont nous connaissons l’orientation militante et engagée qui le tient d’habitude solidement attaché au réel vécu, nous surprend quelque peu cette fois par ce poème-manifeste à teneur lyrique dans lequel il nous brosse une âme en peine, dévorée par la douleur et la tristesse et qui cherche par tous les moyens à fuir la réalité. Mais si ces deux tendances sont, pour autant que nous sachions, opposées, il n’en demeure pas moins que le poète, voire l’artiste en général, même s’il est gagné aux idées militantes, reste avant tout un être humain doté de sentiments et d’émotions. Et rappelons-nous que le jdanovisme russe des années trente interdisait aux écrivains et artistes de se pencher sur leur univers intérieur et les inciter à traiter les problèmes quotidiens de la classe ouvrière et paysanne . En tout cas, ce texte nous est d’une grande utilité parce qu’il nous éclaire un autre côté de la personnalité de son auteur. Sémantiquement, il reprend du début jusqu’à la fin une même idée très claire faisant fonction d’hypogramme , à savoir le rôle apaisant ou mieux encore analgésique de l’écriture poétique .Ce qui dénote que le poète aux yeux de l’auteur est, en premier lieu, un être souffrant et que la poésie est pour lui calmant,d’où son caractère remédiant et compensatoire.Cette idée rejoint celle du grand écrivain et philosophe tunisien Mahmoud Messaadi (1911 – 2004) ) pour qui « la littérature est tragédie ou elle n’est rien»structurellement, ce poème a été conçu sous la forme de sept strophes de trois à sept vers débutant toutes par un infinitif à valeur présente ou impérative (Écrire – Panser – Panser – Apprivoiser – En Guérir),créant ainsi par la répétition de cette construction syntaxique un parallélisme pourvoyeur d’un rythme interne intense. Un poème léger, plaisant à lire, alliant émotion et musicalité ! 2016-05-17 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet