Écrire par : Abdelmalek Rochdi – poète marocain

13173727_1061365657289753_6362922545256846732_n499_001

 

Écrire,
Pour ne plus penser
À la vie, avec son lot
De soucis,
De misère et
D’injustice.

Écrire
Pour tromper le temps
Qui nous attend,
Au premier détour,
A la moindre faiblesse.

Écrire,
Un autre monde, 
Y voir le sourire,
Y sentir le bonheur
Et juste pour une nuit,
Du mien, oublier
Les malheurs.

Panser
Les plaies avec
Des mots de patience.

Panser
Les douleurs avec
Des mots de soumission.

Apprivoiser
Les maux/mots
Avec des mots/maux
D’attente.

En Guérir
Avec des mots
De louange ou
En mourir d’un coup,
Avec des mots de pardon
Et de grand courage.

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

Le poète marocain Abdelmalek Rochdi dont  nous connaissons l’orientation militante et engagée qui le tient d’habitude solidement attaché au réel vécu, nous surprend quelque peu cette fois par ce poème-manifeste à teneur lyrique dans lequel  il nous brosse une âme en peine, dévorée par la douleur et la tristesse et qui cherche  par tous les moyens à fuir la réalité. Mais si ces deux tendances sont,  pour autant que nous sachions, opposées, il n’en demeure pas moins que le poète, voire l’artiste en général, même s’il est gagné aux idées militantes,  reste avant tout  un être humain doté de sentiments  et d’émotions. Et rappelons-nous que le jdanovisme russe des années trente interdisait aux écrivains et artistes de se pencher sur leur univers intérieur et les inciter à traiter les problèmes quotidiens de la classe ouvrière et paysanne . En tout cas, ce texte nous est d’une grande utilité parce qu’il nous éclaire un autre côté de la personnalité de son auteur. Sémantiquement, il reprend du début jusqu’à la fin une même idée très claire faisant fonction d’hypogramme , à savoir le rôle apaisant  ou mieux encore analgésique de l’écriture poétique .Ce qui dénote que le poète aux yeux de l’auteur est, en premier lieu, un être souffrant  et que la poésie est pour lui  calmant,d’où son caractère remédiant et compensatoire.Cette idée  rejoint celle du grand écrivain et philosophe tunisien Mahmoud Messaadi (1911 – 2004) )  pour qui « la littérature est tragédie ou elle n’est rien»structurellement,  ce poème a été conçu sous la forme de sept strophes de trois à sept vers débutant toutes par un infinitif à valeur présente ou impérative (Écrire – Panser – Panser – Apprivoiser – En Guérir),créant ainsi par la répétition de cette construction syntaxique un parallélisme pourvoyeur d’un  rythme interne intense.

Un poème léger, plaisant à lire, alliant émotion et musicalité  !

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*