Un signe par :Monika Del Rio – poétesse polonaise- Toulouse- France 8 mai 2016 Monika Del Rio, Toulouse, avril 2016 Monika Del Rio – poétesse polonaise- Toulouse- France Un signe Dessiné sur Ma peau… Scarifié ! Rien Ne pourrait Etre pareil : Tes yeux Sont tournés Ailleurs. Des notes bleues Bourdonnent dans Mon oreille Sourde… Le navire A coulé. Chacun sauve Ce qui peut De sa vie, De l’amour Et des rêves qui, Plaqués A la surface Comme des Flaques De pétrole Brillent De toutes les Couleurs. Mais au Touché De l’aile D’un oiseau Imprudent, Ils souillent Son plumage Crédule et Immaculé. Et son innocence Coule alors Sous ce poids Collant Devenant Une sale réalité. Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: Le lecteur de ce poème qui n’a aucune idée sur l’œuvre littéraire et picturale de Monika Del rio a besoin au moins deux données biographiques pour espérer en saisir le sens général , car il a formellement toutes les caractéristiques d’un délire. Cette auteure multi-douée (poétesse-nouvelliste-romancière- essayiste- artiste peintre- pianiste ) est une rêveuse pathologique de naissance qui fait fréquemment de terribles cauchemars qu’elle écrit ou peint ensuite,soit tels qu’ils sont, soit en s’en inspirant . D’autre part, elle a la conviction qu’elle est habitée par l’âme d’une autre personne qui avait vécu il y a plusieurs milliers d’années dans un lieu lointain. Munis de ces deux clefs, nous constatons tout d’abord que le noyau sémantique du poème consiste en un naufrage (Le navire/A coulé./Chacun sauve/ Ce qui peut) ,mais un naufrage bien particulier étant donné que parmi les pertes qui peuvent en découler sont mentionnés les rêves (Chacun sauve/ Ce qui peut/De sa vie,/De l’amour/ Et des rêves), ce qui va apparemment dans le sens d’un cauchemar. Et ce cauchemar est d’autant plus terrible qu’il menace deux valeurs auxquelles l’auteure semble attacher une grande importance : l’amour (Chacun sauve/ Ce qui peut/ De sa vie,/De l’amour…) et la liberté que connote le mot « oiseau » lié naturellement aux deux notions « air » et »ciel » (au/ Touché/De l’aile/D’un oiseau/Imprudent,/Ils ( les rêves ?) souillent/ Son plumage).Cependant, l’oiseau, en tant que symbole archétypal, ne signifie pas seulement la liberté mais aussi l’âme du rêveur et là nous saisissons l’ampleur de la menace qui pèse sur la locutrice, laquelle sent que son entité elle-même est en péril. Et la source de ce danger de mort est nommée expressément à la fin du poème (Sous ce poids/ Collant/ Devenant/Une sale réalité.).Deux autres points importants restent à élucider : d’abord ce « tu »dont les yeux (Sont tournés/Ailleurs) et qui peut être l’Autre dont l’inattention est saisie par la locutrice comme un signe d’abandon, ce qui est de nature à approfondir sa solitude intérieure, ensuite ce signe scarifié sur sa peau dont le sens serait sa destinée douloureuse inéluctable. Enfin, quelle que soit la justesse de ces interprétations , ce texte a le mérite de donner au lecteur à réfléchir et de le pousser à dépasser le rôle passif de consommateur . 2016-05-08 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet