Un signe par :Monika Del Rio – poétesse polonaise- Toulouse- France

Monika Del Rio, Toulouse, avril 2016

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Monika Del Rio – poétesse polonaise- Toulouse- France

 

Un signe

Dessiné sur

Ma peau…

Scarifié !

Rien

Ne pourrait

Etre pareil :

Tes yeux

Sont tournés

Ailleurs.

Des notes bleues

Bourdonnent dans

Mon oreille

Sourde…

Le navire

A coulé.

Chacun sauve

Ce qui peut

De sa vie,

De l’amour

Et des rêves qui,

Plaqués

A la surface

Comme des

Flaques

De pétrole

Brillent

De toutes les

Couleurs.

Mais au

Touché

De l’aile

D’un oiseau

Imprudent,

Ils  souillent

Son plumage

Crédule et

Immaculé.

Et son innocence

Coule alors

Sous ce poids

Collant

Devenant

Une sale réalité.

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: 

 

Le lecteur de ce poème qui n’a aucune idée sur l’œuvre  littéraire et picturale de Monika Del  rio a besoin au moins  deux données biographiques pour espérer en saisir le sens général  , car il a formellement toutes les caractéristiques d’un délire. Cette auteure multi-douée  (poétesse-nouvelliste-romancière- essayiste- artiste peintre- pianiste ) est une rêveuse pathologique de naissance qui fait fréquemment de terribles cauchemars  qu’elle écrit ou peint ensuite,soit tels qu’ils sont, soit  en s’en inspirant . D’autre part, elle a la conviction qu’elle est habitée par l’âme d’une autre personne qui avait vécu il y a plusieurs milliers d’années dans un lieu lointain. Munis de ces deux clefs, nous constatons tout d’abord que le noyau sémantique du poème consiste en un naufrage  (Le navire/A coulé./Chacun sauve/ Ce qui peut) ,mais un naufrage bien particulier étant donné que parmi les pertes qui peuvent en découler  sont mentionnés les rêves (Chacun sauve/ Ce qui peut/De sa vie,/De l’amour/ Et des rêves), ce qui va apparemment dans le sens d’un cauchemar. Et ce cauchemar est d’autant plus terrible qu’il menace deux valeurs auxquelles l’auteure semble attacher une grande importance : l’amour (Chacun sauve/ Ce qui peut/ De sa vie,/De l’amour…) et la liberté que connote le mot « oiseau » lié naturellement  aux deux notions « air » et »ciel » (au/ Touché/De l’aile/D’un oiseau/Imprudent,/Ils  ( les rêves ?) souillent/ Son plumage).Cependant,  l’oiseau, en tant que symbole archétypal, ne signifie pas seulement la liberté mais aussi l’âme du rêveur et là nous saisissons l’ampleur de la menace qui pèse sur la locutrice, laquelle  sent que son entité elle-même est en péril. Et la source de ce danger de mort est nommée expressément à la fin du poème (Sous ce poids/ Collant/ Devenant/Une sale réalité.).Deux  autres points importants restent à élucider : d’abord ce « tu »dont les yeux (Sont tournés/Ailleurs) et qui peut être l’Autre  dont l’inattention  est saisie par la locutrice comme un signe d’abandon, ce qui est de nature à approfondir sa solitude intérieure, ensuite ce signe scarifié sur sa peau dont le sens serait sa destinée douloureuse inéluctable. Enfin, quelle que soit la justesse de ces interprétations , ce texte  a le mérite  de donner au lecteur à réfléchir et de le pousser à  dépasser le rôle passif de consommateur .

 

 

 

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