Les enfants de là-bas par : Ariel Boucher – Toulouse- France 6 mai 2016 Ariel Boucher – Toulouse- France Dans ce grand terrain vague Où dégueule la ville D’immondices par vagues Des ombres se profilent Les enfants de là-bas En quête d’un repas Dans ce grand terrain vague Qui a pour fleur l’ordure D’herbe en moisissure D’âcres relents par vagues Les enfants de là-bas Y puisent leurs repas Dans ce grand terrain vague A ses déchets putrides Nuées de larves avides Se délectent par vagues Les enfants de là-bas Leurs disput’ent leurs repas Dans ce grand terrain vague Les restes, jetés par vagues Ces gueux tels des chiens errants Nus pieds sur les ver’res coupants Les enfants de là-bas Se nourrissent d’abats Dans ce grand terrain vague Sous le soleil. Immonde Des alentours à la ronde Mer humaine en vagues Ces enfants de là-bas Leur unique repas Dans ce grand terrain vague Trop d’ordures par vagues Alors c’est jour de fête Pour les enfants les bêtes Prient en remerciant le ciel Des restes de nos poubelles Protégé par la sacem Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: Après les incursions que nous avons effectuées tour à tour dans les univers purement subjectifs de quelques uns de nos ami ( e )s poètes : sentimentaux chez les uns, philosophiques chez les autres , notre vaisseau critique se trouve tenté de rebrousser chemin , répondant à l’appel de la poétesse militante, engagée et révoltée Ariel Boucher dont la voix contestataire nous secoue énergiquement pour nous faire revenir à la réalité, une réalité , à vrai dire, amère et extrêmement affligeante que la plupart des artistes du monde essaient de fuir pour se réfugier dans leur coquille imaginaire . Armée de son regard idéologique et humaniste perçant, l’auteure de ce poème met à nu, conformément aux préceptes du réalisme socialiste, l’un des aspects honteux et scandaleux des inégalités sociales dont l’homme soi-disant moderne est non seulement responsable mais ne fait rien pour y remédier : la situation de démunie totale dans laquelle est plongée une frange de la société qui n’arrive pas à garantir son pain quotidien et qui se trouve obligée de chercher sa nourriture dans les dépotoirs. Usant à fond de sa sensibilité révolutionnaire gauchiste qui la range aux côtés des faibles , des opprimés et de tous les damnés de la terre, elle se lance, du début de son texte jusqu’à sa fin, dans une dénonciation acerbe et féroce de cet état de fait avilissant en brossant un tableau écœurant d’enfants cherchant désespérément leur nourriture dans les dépotoirs d’une ville inhumaine et indifférente .Et ce , à travers ,d’un côté, l’accumulation de vocables dénotant l’ordure et la pourriture (dégueule– immondices – ordure – moisissure –âcre relent– déchets putrides– larves avides– restes – abats– Immonde– poubelles)et de l’autre, le brossage d’un portrait dégradant de ces enfants réduits à l’état animal (ces gueux tels des chiens errants nus pieds sur les ver’res coupants – c’est jour de fête pour les enfants les bêtes).Et par souci de communication de masse et à une longue échelle, la poétesse utilise , comme à son accoutumée, la langue commune du quotidien presque dégarnie délibérément de figures de style confectionnées .Enfin , reconnaissons que si l’auteure a insisté dans ce poème à nous faire descendre de notre tour d’ivoire imaginaire ,le réel qu’elle nous a invité à voir dépasse de loin cet imaginaire .Une très bonne mention Ariel ! 2016-05-06 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet