Je n’ai plus de pli par : Paul Nwesla Biyong – Douala- Cameroun 3 mai 2016 Paul Nwesla Biyong – Douala- Cameroun Je n’ai plus de pli Le système m’a poli S’il restait un relief la Vulve l’a aplani Le poids du paraître presse l’être Redondance Je me vois tel que je fuis Le mauvais Ma sève et mon épiderme Plus L’atmosphère et tout le Cosmos Je n’ai plus de pli Ni de surprise sous la manche J’égorge mes reproches à l’autel de la réuchute Il faut tirer son épingle du jeu Sans juger ni changer Échanger fond facettes et faciès En affirmant ressemblance là où elle n’existe pas Le quotidien standardise tout le monde Privé de rêve j’écris de l’apoésie La Lune est très loin alors j’amende la Terre Où les femmes enfantent des herbes nuisibles Des hommes tu crois Des herbes nuisibles te dis-je Origines de mon encre amère J’aspire au ciel Son sel ravigoterait mes cellules Loin de cette passion triangulaire Le gain le sexe le sceptre Tu sais Je n’ai plus de pli Peu importe l’analyse des bien-pensants Leur valise coupe le bien et les laisse pansant Alors je n’ai plus de pli Aucune surprise sous la manche A quoi servirait-il d’être exceptionnel Sarkozisé Eto’oïsé Bieberisé Christisé O Seigneur Vive les créatures sans relief ! Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Si le regard désolant que porte l’auteur de ce poème sur l’autre et le monde nous est habituel, étant présent dans presque tous les écrits que nous lui ont lus et commentés depuis 2009 et si ce regard ne découle pas d’un courant de pensée pessimiste donné auquel le poète aurait adhéré mais d’une observation directe et objective de la situation dégradée qui prévaut à l’échelle planétaire à partir de son continent l’Afrique, le thème qu’il aborde cette fois et la façon dont il le traite sont totalement nouveaux. Ce thème est l’appauvrissement fatal et dramatique qui a touché, selon lui, l’espèce humaine dont lui-même et qui a eu pour effet deux conséquences graves : d’abord l’anéantissement de ce qui était le plus riche en elle, à savoir la singularité de ses individus au sein de son unité (Je n’ai plus de pli /Le système m’a poli/S’il restait un relief la Vulve l’a aplani – Le quotidien standardise tout le monde ), cette singularité à laquelle nous devons les grands génies dans tous les domaines scientifique, technique, politique, intellectuel artistique …etc. qui ont grandement contribué au progrès de notre civilisation sur terre , du fait que l’esprit créateur a toujours été l’apanage d’une élite extrêmement restreinte et dont les individus sortaient du commun .La deuxième conséquence grave de cette uniformité stérilisante est que les nouvelles générations, en plus de leur absence de dons, sont versées dans le Mal que le poète appelle «passion triangulaire »( gain , sexe et sceptre )et pour arriver à leurs fins elles ne font que nuire à tout ce qui les entoure (Où les femmes enfantent des herbes nuisibles/ Des hommes tu crois/Des herbes nuisibles te dis-je), sans compter le mensonge , l’hypocrisie, l’opportunisme… (Il faut tirer son épingle du jeu/ Sans juger ni changer/Échanger fond facettes et faciès/ En affirmant ressemblance là où elle n’existe pas). Ainsi donc si nous croyons le poète, il ne règne aujourd’hui sur terre que l’improductivité, l’infertilité, la platitude, la médiocrité d’un côté et l’agressivité et la nuisibilité de l’autre. Mais même si nous croyons les propos qu’il tient sur le changement grave qui s’est opéré sur la nature humaine à notre &poque, il nous est difficile d’admettre que ce poète qui nous connaissons militant et combattif puisse jeter les armes aussi facilement; en déclarant solennellement : (Alors je n’ai plus de pli/Aucune surprise sous la manche/ A quoi servirait-il d’être exceptionnel – O Seigneur/ Vive les créatures sans relief !).Il ne s’agit sans doute que d’un état d’âme passager, de ces états par lesquels passent tous les militants du monde. Sur le plan du style, l’écriture de ce poète se caractérise, comme d’habitud, par la prolifération des connotations et des écarts , la conception d’images étincelantes, le rythme interne soutenu grâce aux redondances finement choisies et bien ciblées et par son ton critique acerbe, d’où une singularité sans faille qui contredit ce que l’auteur a essayé de nous faire croire ! 2016-05-03 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet