Poème du jour (Nouvelle série) no 68 : Je n’ai pas eu droit par :Wolf Gorbatchev Oscar – Port-au-Prince ,Ouest Haïti 1 mai 2016 Wolf Gorbatchev Oscar – Port-au-Prince ,Ouest Haïti Je n’ai pas eu droit Je n’ai pas eu droit à une enfance Mais j’essaie d’exister La vie a une nouvelle flagrance Quand on ose avancer Je n’ai pas eu droit à des bouquets de câlins Mais j’essaie de panser l’absence Vivre sans compter sur le lendemain Est un mal qui conduit à la déchéance Je n’ai pas eu droit à un sourire Mais j’essaie de tromper mon cœur Au-delà des souffles de la terreur Il y a le rêve qui combat le pire Je n’ai pas eu droit à l’abri de l’amour Mais j’essaie de chérir chaque jour Il y a de l’or dans chaque instant Il suffit de valser avec le temps Je n’ai pas eu droit à l’espérance Mais j’essaie d’inventer une raison d’être On ne peut fonder l’avenir sur la chance L’espoir est maître Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Ce poème dans lequel l’auteur nous brosse un autoportrait émouvant tombe à pic, du fait qu’il n’a intégré notre groupe que depuis seulement deux jours et nous avons donc besoin de connaître même approximativement quelques traits de son univers poétique et de son style. Grammaticalement, le texte est construit sur une structure constante reprise cinq fois 🙁 Je n’ai pas…/mais…) exprimant l’exclusion, laquelle a donné au poème, d’un côté, une texture rythmique interne soutenue et bien agencée et, de l’autre, sur le plan sémantique, l’impression de l’existence d’une disposition psychologique stable marquée par un manque affectif sévère (Je n’ai pas eu droit à une enfance – Je n’ai pas eu droit à des bouquets de câlins – Je n’ai pas eu droit à un sourire – Je n’ai pas eu droit à l’abri de l’amour – Je n’ai pas eu droit à l’espérance) et en même temps par une force de caractère remarquable qui permet au locuteur à tout moment, non seulement de remédier à ces manques mais aussi à essayer de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin (Mais j’essaie d’exister – Mais j’essaie de panser l’absence – Mais j’essaie de tromper mon cœur/ Au-delà des souffles de la terreur – Mais j’essaie de chérir chaque jour /Il y a de l’or dans chaque instant – Mais j’essaie d’inventer une raison d’être…) armé en tout cela du rêve (Il y a le rêve qui combat le pire ) et de l’espoir (L’espoir est maître).Ce qui rangerait à première vue ce poète parmi les intellectuels optimistes qui croient que le destin de l’homme est entre ses mains et que le seul moyen de s’imposer dans ce bas-monde plein de mal est de posséder une volonté de fer. Stylistiquement et en raison du genre de poésie qu’il a utilisé ici, à savoir la poésie de réflexion, l’auteur n’a peut-être pas vu l’utilité de travailler suffisamment sur les images. Attendons ses prochains poèmes pour avoir une idée précise sur ce côté-là. 2016-05-01 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet