Femme par :Elena Martinez – poétesse hispano- canadienne –Montréal -Canada

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Elena Martinez – poétesse hispano- canadienne –Montréal -Canada

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Me voici roseau captif

De la vase et de l’eau

Moi qui rêvais d’être un esquif

Emporté par les flots

Me voici roseau plié

Par le poids de la pluie

Moi qui rêvais d’être un voilier

Naviguant sur la vie

Me voici roseau pensant

 Prisonnière du courant

Mon âme, va traverser le temps

Laissant à l’étang

Un roseau, une femme…

 

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 

Nous voici aujourd’hui devant un poème régi par un rythme mental binaire bien soutenu, construit sur la dualité de l’être /et du vouloir être .Et cette dualité porte sur l’essence de la locutrice en tant que femme et non simplement sur une situation passagère par laquelle elle passe .Le premier élément de la dualité c.à.d. l’être apparaît comme étant une victime existentielle sur laquelle s’acharne le destin  depuis l’instant de sa création .Et le préjudice qu’il lui a causé est double : la faiblesse connotée par l’auto-identification à un roseau (Me voici roseau : 3 fois ) et la privation de liberté (captif /De la vase et de l’eau plié /Par le poids de la pluie/ Prisonnière du courant). Et cet état est d’autant plus douloureux et angoissant  que la locutrice en est consciente  de par l’intellect  (ou élément pensant )dont elle est pourvu, rejoignant ici le grand poète arabe ancien Al-Moutanabbi ( 915 -965 après J-C.) à qui nous devons ce fameux vers-diction très significatif   :

Le sage est  malheureux par sa sagesse et l’ignorant  vit dans les délices  par son ignorance

Quant à l’alternative dont elle a toujours rêvé et qui, selon ses dires,  ne se réalisera pas (Mon âme, va traverser le temps) , c’est la liberté dans son sens le plus total, une liberté sans entraves à laquelle elle emprunte les images  de l’esquif «  emporté par les flots »et du voilier propulsé par le vent et  « naviguant sur la vie ».

Un autre élément renforce cette malédiction existentielle, c’est l’aversion que suscite à la locutrice la matière  de laquelle elle a été créée (la vase)  d’où sa conception de la mort comme libératrice (Mon âme, va traverser le temps/Laissant à l’étang /Un roseau, une femme…).

Stylistiquement, le poème vaut surtout par sa structure  rythmique interne finement ajustée, la métaphore charnière du roseau sur laquelle il a été construit, l’ambiance aquatique symbolique qui y règne  et la dimension philosophique profonde à laquelle il renvoie.

 

امرأةٌ

شعر‘ : ألينا مرتيناز – شاعرة إسبانيّة كنديّة

ها أنا قصَبةٌ

سجينةُ  الوحلِ والماءِ

أنا التي كنتُ أحلمُ بأن أكونَ زورقًا

تحملُهُ المياهُ

ها أنا قصبةٌ مثنيّةٌ

ترزحُ تحتَ ثقلِ المطرِ

أنا التي كنتُ أحلمُ أن أكونَ سفينةً شراعيّةً

تمخُرُ عُبابَ الحياةِ

ها أنا قصبةٌ تفكّرُ

سجينةُ التّيّارِ .

ستجتازُ روحي الزّمنِ

تاركةً للمستنقعِ

قصَبةً ، امرأةً

 

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