Femme par :Elena Martinez – poétesse hispano- canadienne –Montréal -Canada 30 avril 2016 Elena Martinez – poétesse hispano- canadienne –Montréal -Canada Me voici roseau captif De la vase et de l’eau Moi qui rêvais d’être un esquif Emporté par les flots Me voici roseau plié Par le poids de la pluie Moi qui rêvais d’être un voilier Naviguant sur la vie Me voici roseau pensant Prisonnière du courant Mon âme, va traverser le temps Laissant à l’étang Un roseau, une femme… Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Nous voici aujourd’hui devant un poème régi par un rythme mental binaire bien soutenu, construit sur la dualité de l’être /et du vouloir être .Et cette dualité porte sur l’essence de la locutrice en tant que femme et non simplement sur une situation passagère par laquelle elle passe .Le premier élément de la dualité c.à.d. l’être apparaît comme étant une victime existentielle sur laquelle s’acharne le destin depuis l’instant de sa création .Et le préjudice qu’il lui a causé est double : la faiblesse connotée par l’auto-identification à un roseau (Me voici roseau : 3 fois ) et la privation de liberté (captif /De la vase et de l’eau plié /Par le poids de la pluie/ Prisonnière du courant). Et cet état est d’autant plus douloureux et angoissant que la locutrice en est consciente de par l’intellect (ou élément pensant )dont elle est pourvu, rejoignant ici le grand poète arabe ancien Al-Moutanabbi ( 915 -965 après J-C.) à qui nous devons ce fameux vers-diction très significatif : Le sage est malheureux par sa sagesse et l’ignorant vit dans les délices par son ignorance Quant à l’alternative dont elle a toujours rêvé et qui, selon ses dires, ne se réalisera pas (Mon âme, va traverser le temps) , c’est la liberté dans son sens le plus total, une liberté sans entraves à laquelle elle emprunte les images de l’esquif « emporté par les flots »et du voilier propulsé par le vent et « naviguant sur la vie ». Un autre élément renforce cette malédiction existentielle, c’est l’aversion que suscite à la locutrice la matière de laquelle elle a été créée (la vase) d’où sa conception de la mort comme libératrice (Mon âme, va traverser le temps/Laissant à l’étang /Un roseau, une femme…). Stylistiquement, le poème vaut surtout par sa structure rythmique interne finement ajustée, la métaphore charnière du roseau sur laquelle il a été construit, l’ambiance aquatique symbolique qui y règne et la dimension philosophique profonde à laquelle il renvoie. امرأةٌ شعر‘ : ألينا مرتيناز – شاعرة إسبانيّة كنديّة ها أنا قصَبةٌ سجينةُ الوحلِ والماءِ أنا التي كنتُ أحلمُ بأن أكونَ زورقًا تحملُهُ المياهُ ها أنا قصبةٌ مثنيّةٌ ترزحُ تحتَ ثقلِ المطرِ أنا التي كنتُ أحلمُ أن أكونَ سفينةً شراعيّةً تمخُرُ عُبابَ الحياةِ ها أنا قصبةٌ تفكّرُ سجينةُ التّيّارِ . ستجتازُ روحي الزّمنِ تاركةً للمستنقعِ قصَبةً ، امرأةً 2016-04-30 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet