Poème du jour (Nouvelle série)no 64 : je sais par : Vincent Boutal -Eysines -France

l’océan garde un goût de miel

et  dans sa chaleur étendue

la douceur de l’orage

encore secouant au creux de ses reins

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor:

Il est utile de rappeler au début  que l’auteur de ce poème est spécialisé dans le mini-poème qui est une forme médiane entre le haïku et le poème ordinaire et que son style se caractérise par le recours massif aux connotations et aux sens seconds au lieu des sens dénotatifs directs .Ce qui exige de la part du lecteur un petit effort d’interprétation .Dans ce nouveau texte, cinq ou six symboles ont besoin d’être décodés .Le premier est l’océan qui a le même sens que la mer, laquelle est le symbole archétypal de la mère originelle, étant donné que c’est au fond des mers que s’était formée la première cellule vivante il y a près d’un milliard d’années .Ce qui fait que l’apparition inopinée de son image dans  l’esprit humain exprimerait  une sorte de nostalgie inconsciente de cette matrice lointaine ou tout simplement de celle qui est plus proche de nous : la matrice  de notre mère où nous jouissions de sécurité et de sérénité avant d’être expulsés vers ce monde plein d’embûches  .Le bonheur que procurait  ce paradis perdu est connoté ici, premièrement  par le “miel” qui est le symbole de la la richesse , de la douceur et du plaisir sensuel , ensuite par la  “chaleur” qui désigne le bien-être intérieur .Et sa qualification d’étendue évoque  le haut degré atteint par cette sensation de confort et de sérénité. Ce à quoi contribue l’apport de l’orage qui symbolise les noces en général   et plus précisément l’union avec le monde environnant à laquelle participe le Moi par la prodigalité de son énergie positive  qu’il emmagasine au fin fond de son être ( au creux de ses reins ).Un poème révélant un malaise existentiel profond vis-à-vis de l’ici-maintenant et une fuite en arrière  par un retour inconscient désespéré aux sources très lointaines .