Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :10 -Les poèmes de Monika Del Rio :10 – 6 : Un cercle

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Monika Del Rio – poétesse polonaise – Toulouse – France

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Un cercle –
Beau
Rond
Une figure
Parfaite
Comme un
Plateau
Dans des lèvres
De Mursi,
L’Univers
Eclaté
Qui court
Vers le néant –
J’ai peur…
Une lettre « o »
La voyelle,
Telle la bouche
D’un gosse
Nu, appuyé
Sur son bâton
De berger
Et qui regarde
Etonné
Des bolides
Passer par
Cette artère
Coupant
Sa terre en
Deux.
Un cercle –
La figure
De l’Univers,
Un serpent
Mangeant sa
Queue,
La naissance
Et la mort,
L’œil doré
D’un léopard
Couché.
Ca y est !
Il s’est réveillé,
Va chercher
L’eau,
Tout est rond
Et beau
Même
Son sourire
Meurtrière,
La terre
Continue
A tourner
Avec ou sans
Nous,
Un enfant
Insouciant
Avec son cerceau
Joue…

 

Ce poème a été construit sous la forme d’un rêve où les représentations se mêlent les unes aux autres et offrent apparemment l’image d’un paysage désordonné et incohérent. Cependant, un examen minutieux de ses structures profondes révélerait, par contre, une structure homogène et cohérente. En effet, trois axes sémantiques semblent se partager la totalité de ces représentations, à savoir : l’harmonie, l’angoisse et la fuite.
Quant à l’harmonie, elle apparaît au niveau de la vision que porte la locutrice sur le monde et qui lui procure une claire sensation de bien-être (Un cercle/Beau/Rond/Une figure/Parfaite – Un cercle/La figure/De l’Univers – Et beau/ Même/Son sourire  ), sachant que le cercle est, comme elle le dit,peut-être sans le savoir, l’un des symboles archétypaux de l’univers.
Néanmoins, cette sensation d’accord avec le monde naturel se heurte à un conflit interne mettant aux prises deux forces contradictoires : d’une part une très forte énergie tendant à s’extérioriser et des obstacles qui lui barrent la route.
Et si l’on regarde de près cette énergie, elle nous paraîtra vraisemblablement de nature sexuelle, car c’est ce que laisse penser l’image du serpent qui symbolise la cause du péché originel, étant donné que c’est lui qui a donné à Eve le fruit défendu. Et cette idée inconsciente de « péché » est apparemment ici la source d’un sentiment de culpabilité qui aurait occasionné à la locutrice une grande perturbation psychique.
Il se peut aussi que cette énergie se fut extériorisée effectivement dans le réel mais avec la peur de la voir bloquée et étouffée dans un avenir proche. D’où une sensation vive d’angoisse qui a évolué en inquiétude existentielle (L’Univers Eclaté/Qui court/Vers le néant ) et que renforce ici la présence de l’image d’un fauve (L’œil doré/D’un léopard /Couché).
Quant au troisième et dernier axe : la fuite, s’il est le résultat logique de cette crise psycho-mentale, il nous importe de connaître la nature de la fuite et la direction vers laquelle elle s’est produite : il s’agit ici d’une fuite vers le passé lointain : expressément vers l’enfance (Un enfant/Insouciant/Avec son cerceau/Joue…- un gosse/ Nu, appuyé/ Sur son bâton/De berger ) mais probablement vers la matrice de la mère que connote l’image de la Terre (Cette artère/Coupant/ Sa terre en/Deux.), le symbole par excellence de la mère originelle.
Notre commentaire s’est allongé plus qu’il ne faut. Je dois donc m’arrêter, tout en insistant sur la richesse de ce poème et la diversité et la profondeur de ses dimensions psychiques et philosophiques

 

 

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