Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 5 :Les poèmes de Philippe Correc :5-7 : C’était son anniversaire 7 février 2016 Philippe Correc C’était son anniversaire A mon papa. On faisait la fête hier Tous, ces jours-là. Aujourd’hui l’cœur à l’envers Je pense à toi. J’aurais tant voulu mon père Encore une fois. J’ai en mémoire Ces rédactions Où tu m’aidais A faire le plan Mais pour les maths Nous étions deux Rivalisant Sur la vitesse. Je te revois Dans la cuisine Cherchant au loin A l’horizon Par la fenêtre Tu t’évadais Et ton regard En disait long. Je me souviens De nos fous rires Trop peu nombreux Je le déplore. Et ton sourire Qui m’électrise Je ne pourrais M’en séparer. Je me rappelle A Savigny Où dans le ciel Nous regardions Tes yeux brillaient Devant ces spots Tu m’inventais Belles histoires. J’ai souvenirs Parfois des flashs De ton visage De ta moustache Dans ces moments Où rien ne va Je sens ton souffle Sur moi Papa. Les poèmes sur le père sont relativement rares, en comparaison avec ceux qu’on consacre à la mère .En Tunisie, par exemple , et si je me rappelle bien , c’est la poétesse Imène Amara qui semble être, jusqu’à présent, la seule à accorder au père dans ses écrits une place prépondérante .Expliquons-nous ce manque ou peu d’intérêt au père chez les poètes de sexe masculin par le complexe d’œdipe , étant donné qu’il représente dans l’inconscient du fils, si l’on croit Freud, un rival qui s’approprie la mère corps et âme ainsi que l’autorité qui est souvent associée à la notion de punition ? Et même chez l’auteur de ce poème, c’est la première fois que nous lui lisons un poème sur ce thème .Continueras-t-il à le traiter dans d’autres textes ou il ne s’agit seulement que d’un fait unique et exceptionnel qui ne se répétera pas ? En tout cas , l’image donnée du père , dans ce poème, est entièrement positive, aussi bien au niveau du dit que celui du non-dit où la lecture attentive et fouineuse ne laisse soupçonner l’existence d’aucun indice qui dévoilerait une attitude négative même inconsciente à l’égard du père .Effet , le locuteur donne de lui le portrait d’un père incarnant le soutien moral (des flashs de ton visage de ta moustache dans ces moments où rien ne va je sens ton souffle sur moi Papa), d’un père formateur, soucieux de l’avenir de son fils (j’ai en mémoire ces rédactions où tu m’aidais à faire le plan mais pour les maths nous étions deux rivalisant sur la vitesse) , sérieux (je me souviens de nos fous rires trop peu nombreux je le déplore) mais plein de tendresse (ton sourire qui m’électrise je ne pourrais m’en séparer) et qui élève son fils , sans doute sans le vouloir, à son image, car ce sont son esprit créatif (à Savigny où dans le ciel nous regardions tes yeux brillaient devant ces spots tu m’inventais belles histoires)et son inclinaison pour la rêverie (je te revois dans la cuisine cherchant au loin à l’horizon par la fenêtre tu t’évadais et ton regard en disait long) qui auraient éveillé chez le fils ses dons poétiques. Stylistiquement, l’énumération des qualités du père, tout au long du poème, a engendré un rythme interne intense qui a éliminé tout besoin de rimer les vers .D’autre part , la forte charge émotionnelle que porte le thème a été suffisante pour attacher le lecteur au texte au lieu des images ultra-recherchées . 2016-02-07 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet