D’OMBRES EN LUMIÈRES par : Elena Martinez – poétesse canadienne d’origine espagnole – Montréal 20 janvier 2016 Elena Martinez – poétesse canadienne d’origine espagnole – Montréal Mes souvenirs d’enfant sont restés éparpillés sur les chemins parcourus À travers les boisés, le long de tes ruisseaux, Ô doux paysages encore sauvage où mon âme a connu Des chants qui sur mes jours demeurent les plus beaux. J’ai caché des secrets-secrets de tout le monde! À l’ombre des sentiers qui cernent tes sous-bois Et ces premiers amours, à mes yeux se confondent Quand j’évoque aujourd’hui mes printemps d’autrefois. Mes grands espoirs sont nés je crois, sur tes montagnes Quand le vent balayait les trilles en fleurs Ou lorsque j’entendais, perdu dans la campagne, Le chant des mésanges, si cher à mon cœur. Les ans peuvent courir plus vite que mes rêves… Ils me ramèneront dans le sous-bois qui m’attend Et le bonheur, cherché sans limite et sans trêve, Sera d’y retrouver d’ombres en lumières ma belle âme d’enfant. Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Par le biais du souvenir à la manière de Marcel Proust, l’auteure de ce poème entreprend un retour intérieur vers son passé d’enfant, ce qui est, en fait, une sorte de rêve éveillé dont l’examen nous permet, peut-être, de déceler certaines composantes de sa psyché , lesquelles constituent ensemble les fondements de sa personnalité, étant donné que l’enfant, comme l’a dit le poète anglais William Wordsworth, ( 1770- 1850) est le père de l’adulte. L’évènement rappelé ici se déroule en pleine nature à « travers des boisés », un lieu typique qui symbolise archétypalement l’un des univers typiquement féminins, vu que la forêt est, dans notre inconscient collectif, l’un des symboles de la mère originelle. Et étant donné que l’auteure est elle même une femme, cette promenade peut signifier un voyage intérieur à la rencontre de soi-même c.à.d. de sa féminité. Si cela est vrai, nous pourrons voir à travers la présence des chemins (chemins parcourus – des sentiers ) au cours ce déplacement pédestre délibéré une évolution spirituelle positive à la recherche de la béatitude et de l’équilibre psychique , ce que confirmerait non seulement le sentiment de bonheur exprimé à la fin du texte (le bonheur, cherché sans limite et sans trêve,/Sera d’y retrouver d’ombres en lumières ma belle âme d’enfant)mais aussi les moments d’extase et d’émerveillement qu’elle dit avoir vécue pendant son enfance dans ce lieu (Ô doux paysages – Des chants qui sur mes jours demeurent les plus beaux – Le chant des mésanges, si cher à mon cœur). Néanmoins, si tous ces signes concourent à asserter que l’enfance de la locutrice était calme et pondérée , certains pourraient se demander pourquoi ,la poétesse s’est-elle sentie à l’âge adulte le besoin de s’en souvenir et de la revivre en imagination ?Des perturbations auraient-elles eu lieu après l’entrée à cet âge, ce qui a poussé l’auteure à fuir le présent à titre de compensation vers ce passé lumineux ? Stylistiquement, le ton lyrique prononcé et l’usage massif du vocabulaire de la nature donnent à ce poème une couleur romantique ! 2016-01-20 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet