Poème du jour no 43 ( Nouvelle série) :Bonne année 2016 : Entre son et écho par :Nwesla Biyong –poète Camerounais – Douala

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Nwesla Biyong –poète Camerounais – Douala

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Y-a-t-il encore quelque gardien du temple
Mieux avisé que ce conservateur initié
La corde est tellement tendue
Trop de divertissements inversent la polarité
Le cauchemar est un rêve qui nous arrive tout éveillés
Et les pactes nous emportent consciemment vers les pas radis souterrains
L’accessoire semble l’indispensable
Glissement contemporain
L’or de l’immonde n’égale pourtant pas le cuivre des cieux
Alors je choisis mon plan vibratoire
L’art oratoire ne consiste pas à trop parler alors qu’on n’a rien à dire
Faut-il rire ou pleurer quand nouvelle année vient
J’ai observé avec lucidité le départ de l’une est l’avenue de l’autre
Et merle rien n’a changé par l’écrit et les veaux
La corde est tant tendue que le jour de l’an est venu avec la gueule de bois
Ce vivre au ralenti à l’aurore défaite augure bien des doutes qui infestent les sous haies
N’ai-je pas fait comme tout le monde
Mangé bu dansé en scandant bonne année deux mil saisine ma plume
Qu’elle nous apporte l’unité dans nos idées
Le partage du bonheur et toute la réussite dans les affaires communes
Que dire de la santé et de la paix
Sans nous demander si nous sommes le son ou l’écho
Vais-je m’arrêter en si bon chemin
M’éloignant de la rime parce que rame sans rhum une ronde de poètes délurés
Je m’éjecte du courant abject que l’insouciance injecte
Et recrée l’épée qui sépare natures antagonistes
Car le poète coupe court avec hérésie et duperie
Agent de la vie vraie
Il est l’ivraie des distractions nocives
A la soustraction des vertus il est valgus où règne l’Immonde
L’accessoire semble l’indispensable
Quand myriades de divertissements mortels inversent la polarité
Impossible de joindre l’utile à l’agréable
Les sens dans l’essence sont si souillés
A quoi bon jouer avec les mots
A l’heure où vivre n’est point jeu ?

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

Ce poème relativement long sur le nouvel an 2016 est construit sur une dualité majeure : face/envers : la première comprend les aspects festifs courants de cet événement qui se célèbre soit en famille, soit à l’hôtel ou dans un restaurant et qui se caractérise par des échanges de vœux avant de se terminer à minuit par le lancement de feux d’artifice accompagnés par des cris de joie (N’ai-je pas fait comme tout le monde/ Mangé bu dansé en scandant bonne année ? – Qu’elle nous apporte l’unité dans nos idées/ Le partage du bonheur et toute la réussite dans les affaires communes/ Que dire de la santé et de la paix).
Mais cette face apparemment reluisante cache une réalité amère : l’année qui vient de s’écouler a été catastrophique sur tous plans (guerres meurtrières, actes terroristes, les multinationales continuent à sucer le sang des peuples du sud de la planète, pays pauvres enfoncés de plus en plus dans l’endettement et leurs économies  ruinées…). Ce qui fait de cette fête une simple occasion annuelle de semer de faux espoirs et d’entretenir des illusions pernicieuses.
Doté d’un regard politique extrêmement affiné et bien conscient des enjeux de la mondialisation, le poète, ne se contente pas de scruter la face cachée de la fête du nouvel an  mais  s’élance dès le début dans la mise en évidence de cette contradiction flagrante entre le vécu et le souhaité, s’élevant dans son appréhension à un niveau tragiquement existentiel, mettant en question la conscience de l’homme d’aujourd’hui vis-à-vis de sa propre condition face aux forces du mal qui menacent son existence même.
Du point de vue stylistique, le poème, malgré son lien étroit avec la réalité, ne bascule nullement dans le discours oratoire et demeure de bout en bout bourré d’écarts et de sens seconds.

 

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