Moi et ma fille par : Solène de la Marlier- poétesse française- Paris 16 janvier 2016 Solène de la Marlier- poétesse française- Paris Je me souviens de mes treize ans, A moitié femme, encore enfant, Assez gamine dans mes lectures Et certainement immature. J’aimais Tintin comme un ami, Oliver Twist faisait aussi Partie de ceux que j’aimais bien. Adolescente qui ne veut rien… Je reconnais que j’étais pieuse, Un peu espiègle, assez rieuse, Et je pleurais de mes malheurs, Qui n’étaient rien que des humeurs ! Ma fille a maintenant cet âge Tout a changé dans l’entourage Des jeunes filles d’aujourd’hui : Bien des folies et moins d’ennui… Je me revois si ignorante, Prude ou gênée, et nonchalante.. Je vois grandir ma collégienne, Sa jeunesse vaut mieux que la mienne ! Elle n’ignore pas tout de la vie, Elle sait qu’aimer est une folie ! Viendra le jour où jeune femme, Sa maman sera vieille dame… Solène : 7 janvier 2016 Commentaire Mohamed Salah Ben Amor : * Le confit des générations a toujours été l’un des phénomènes le plus compliqués de la société humaine aussi bien au niveau du groupe qu’au niveau de l’individu. Et cela est dû au changement perpétuel des mentalités suite aux nouvelles habitudes et aux nouveaux courants d’idées qui apparaissent presque à chaque époque et qui , s’ils trouvent facilement un terrain favorable chez la génération montante, avide de s’affirmer et d’imposer sa personnalité, se heurtent contre la conception de la vie et la manière de penser dominantes auxquelles s’attachent les générations précédentes. Mais si c’est dans ce cadre général que s’inscrit ce nouveau poème de Solène de la Marlier,il se distingue thématiquement par l’attitude paradoxale qu’adopte la poétesse appartenant ,de par l’âge, à la génération d’hier vis-vis de la génération d’aujourd’hui représentée par sa propre fille et qui consiste non seulement en une compréhension sans faille du comportement de cette génération (Ma fille a maintenant cet âge/Tout a changé dans l’entourage/Des jeunes filles d’aujourd’hui :/ Bien des folies et moins d’ennui…) mais aussi en une envie non-cachée à son égard et un regret de ne pas avoir été comme elle ((Je me revois si ignorante,/ Prude ou gênée, et nonchalante../Je vois grandir ma collégienne, /Sa jeunesse vaut mieux que la mienne !) . Ce qui montre que la locutrice, qui devançait probablement au niveau du vouloir son époque, s‘identifie aujourd’hui inconsciemment à sa fille . Et cette conclusion est pour nous importante parce qu’elle nous éclaire quelque peu sur la rébellion de cette poétesse, issue de l’aristocratie française déchue par la révolution de 1789 contre sa propre classe, une rébellion autour de laquelle gravitent la plupart de ses poèmes précédents. Stylistiquement, le genre auquel appartient ce poème, à savoir la poésie à thèse que se construit sur une problématique et une opinion argumentée, ne se prête que rarement à la conception d’images inédites et surprenantes, d’où cette langue du type ras-de-sol proche de la langue commune de tous les jours. 2016-01-16 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet