A tes yeux par : Ariel Boucher – poétesse française 4 janvier 2016 Ariel Boucher – poétesse française A tes yeux Monsieur Je ne suis pas elle Ni aussi bel’ qu’el’ Ses grands yeux couleurs Bleu océan Ses mains la douceur D’un jour de printemps Qui se fait câlin En prenant ta main Pour que vous rêviez A l’éternité A deux A tes yeux Monsieur Je n’ai son sourire Encor moins son rire Clair et mélodieux Qui t’enchante De tendres émois Je n’ai la douceur De sa voix Quand je chante Tu t’enfuies au loin J’ai le cœur chagrin Je pleure A tes yeux Monsieur Je n’suis qu’une ombre Parmi d’autr’s ombres Sans reflet Un miroir sans tain Qui n’reflèt’ rien Une âme effacée Dans un coin, jetée Une poupée brisée Par l’indifférence De ta présence Monsieur A tes yeux Monsieur Je ne suis que moi Je rêve de tes bras J’ai si froid Dans ma solitude Faîte d’habitude Dans la nuit le jour Juste un peu d’amour En retour Rien qu’une fois Une seul’ fois Papa Papa Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Ce poème s’inscrit pleinement dans l’orientation générale choisie par son auteure que nous avions qualifiée à maintes reprises d’engagement humaniste, lequel diffère de l’engagement ordinaire par la non-distinction entre les damnés de la terre qu’ils soient des victimes d’un système politique et économique donné ou du destin. Ainsi, si notre poétesse dénonce dans plusieurs de ses écrits l’exploitation des ouvriers par leurs cupides patrons, l’atteinte aux droits de l’homme sous certains régimes, elle exprime dans d’autres sa sympathie et sa compassion à l’égard de ceux ou celles qui se débattent dans la détresse, la déception et la souffrance morale , comme nous le voyons dans ce poème où le personnage central est une fille privée de l’amour paternel qui se laisse entraîner, dès les premiers vers, dans un discours plaintif émouvant adressé à un père, à ce qu’il semble , indifférent . Et le plus touchant dans cette situation est le sentiment d’infériorité que ressent cette fille vis-à-vis de sa mère qui est , à qu’il semble, décédée et qui jouissait de tout l’amour de ce père. Ce qui laisserait supposer l’existence chez la locutrice d’une jalousie latente à l’égard de sa mère bien qu’en apparence elle en exprime le contraire , se montrant non seulement consciente de son infériorité mais résignée au sort que lui a réservé le destin .Et cette jalousie étouffée conjuguée à l’amour qu’elle éprouve pour le père cacherait, au niveau de l’inconscien, un complexe d’Electre, l’équivalent du complexe d’œdipe chez le garçon. Sur le plan du style, le procédé principal qui a été mis en œuvre dans ce poème est le jeu de feinte par le biais duquel l’auteure a donné l’illusion jusqu’à l’ultime vers que l’homme auquel la fille s’adresse est un bien-aimé qu’elle adore unilatéralement et que la femme dont elle parle est une rivale. Un poème plaisant à lire, plein de suspense et couronné par une fin surprenante ! 2016-01-04 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet