LA SOMBRE MENACE DES PAS par :PASCAL PERROT• – POETE FRANÇAIS 31 décembre 2015 Il y a dans certains pas Des voracités d’écho Le temps, vaincu, s’y distend Volutes de nuit durcies Fumée des rires d’angoisse Des enfances abolies Pas comme une main dans l’ombre Dont les doigts empaument un cœur ; Lorsque ces pas font silence Tout soudain en nous respire Comme une première fois. Pourtant, les pas reviendront Tout chemin qu’ils ont marché Est bon à être arpenté De nouveau. Le souffle court Je guette les distorsions Du silence, infimes failles Où ils sinueront bientôt Mais rien, le pandemonium Ordinaire de la vie Jusqu’à quand ? Nul ne le sait Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : L’auteur de ce poème nous livre un ensemble d’impressions sur un acte de locomotion ordinaire : le pas qui, s’il n’attire normalement pas l’homme commun sauf lorsqu’il ne s’accomplit pas selon la norme pour une cause pathologique ou fantaisiste, l’artiste ou le philosophe peut y déceler des significations symboliques comme tous les actes, les événements, les êtres et les choses dans ce monde. A première vue, cet acte est présenté ici comme une source d’angoisse et sa description que l’on voit élective, du fait que le poète n’y relève que les éléments qui lui semblent pertinents et suggestifs, s’est focalisée, tout au long du texte, sur deux de ses aspects : l’auditif et le visuel, lesquels s’égalent de part leur effet affreux et nuisible sur l’être humain sensible , ce qui a donné, dès le titre, un tableau des plus désolants et des plus effroyables (voracités d’écho – Volutes nuit durcies – rires d’angoisse – enfances abolies…etc….) et que l’auteur a résumé dans la dernière strophe par le mot « pandemonium »( Lieu où règne une agitation infernale). Cette description se place, en réalité, dans une perspective phénoménologique et existentielle, du fait que l’action de marcher donne à l’individu qui l’accomplit l’illusion qu’il avance de sa propre volonté, tandis que, d’un côté, il ne fait que suivre le traçage du chemin qu’il emprunte et, de l’autre, ses pas s’effectuent nécessairement dans un intervalle de temps bien déterminé. Et ce lien temporel est plus angoissant parce que quels que soient les buts heureux que l’homme peut atteindre le but final sera inéluctablement la mort. Un poème philosophique sur un thème inédit et dont le style s’est fondé sur l’accumulation des écarts et des sens seconds . 2015-12-31 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet