Mon cœur est nu et ma source est tarie : par : Maissa Boutiche – poétesse algérienne – Alger

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Maissa Boutiche – poétesse algérienne – Alger

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J’ai traîné mes savates, si souvent
Écoutant, pleurer le vent
Il me dit dans son souffle :
Sois patience à ton endurance
Oublie tes maux pour un temps
Je lui répondis :
Je n’ai plus de larmes pour pleurer
Pour t’accompagner
Mon cœur est nu et ma source est tarie
Mon endurance dure, depuis un temps
Et je n’ai plus le temps
Les rides commencent à sillonner sur mes traits
Et mes cheveux de noirs
Deviennent de plus en plus blancs
J’ai cru en l’amour d’un temps
Et à l’espoir dont j’ai si besoin
L’amour s’est avéré tzigan
Et l’espoir un joueur de hasard
Il séquestre mon beau ciel ou mon rêve
Dessine le printemps, en mes ans
J’avais si besoin, d’y croire
Que mon rêve trouvera un jour au soleil sa place
Se conjuguera au présent
J’ai enfanté des rêves et des rêves
Et chacun d’eux à tracer un bleu
Et une douleur qui me poignante plie
Fane mes traits …
J’ai essayé de supporter mes plaies
En écoutant mourir le vent
Elles sont devenues plus douloureuses
Leur mal est devenu plus violant
Et me consume de ses flammes
Un nœud, coud l’angoisse dans mes tréfonds
Fait fuguer le sommeil de mes yeux
Et je regrette, d’avoir offert
Dans un plateau d’argent, mes bels ans…
J’ai trainé mes godasses, si souvent
Regardant le ciel pleurer
Et gémir le vent
Sur les quais de ma bleue
Dans ses vagues en mouvements
J’ai essayé de noyer en son sable humide
Mes peines et mes chagrins
Et j’ignore complètement mon sort
Et l’amour qui me punit à tort
Brode, en ma vie des tourments…
Et j’ai narré mon histoire
A la nuit noire
Je lui dis que l’attente est une chute indécente
Je me sentais un certain temps
Une farouche, guerrière combattante
Que je retrouverai mon salut un jour, peut être
Dans la patience, que je brode dans mes saisons…
Ma vie est devenue, comme un rêve inaccessible
Que mes frêles épaules portent
Que l’amour me séquestre et emporte
Ferme à mon nez au verrou, sa porte

 

Maissa Boutiche, Alger, le 27/12/2015

Tous droits réservés

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 
C’est tout à fait par hasard que nous restons aujourd’hui pour la deuxième fois consécutive avec la poésie algérienne après le poème que nous avons commenté hier du poète Hatem Arezki. Le poème que nous lirons ensemble  cette fois est de Maissa Boutiche dont l’écriture diffère très sensiblement de celle de son concitoyen. En effet , si Hatem n’est nullement profus, les poèmes de Maissa se succèdent à un grand rythme et si le premier se lance dans chaque poème dans une recherche méticuleuse d’images et d’éléments rythmiques , la poésie de la deuxième est empreinte de spontanéité comme nous le voyons dans ce nouveau poème où le discours de la locutrice laisse apparaître un flot d’émotions qui submerge le lecteur et le tient en haleine tout au long du texte. De ce fai, si Hatem Arezki mise sur les écarts linguistiques pour fasciner le récepteur, Maissa Boutiche compte sur la charge émotive que portent les mots pour atteindre le même but.
Ce côté émotionnel dont la prédominance donne au poème un caractère purement psychologique, se présente sous la forme d’un ensemble d’affects négatifs dont les plus saillants sont la douleur morale, le regret, le désespoir, le blocage et le tarissement affectifs…et dont la cause e a été  affichée à trois reprises :une carence affective sévère engendrée par un manque d’amour (J’ai cru en l’amour d’un temps/ Et à l’espoir dont j’ai si besoin/L’amour s’est avéré tzigan/ Et l’espoir un joueur de hasard – Et l’amour qui me punit à tort Brode, en ma vie des tourments… – Que l’amour me séquestre et emporte/ Ferme à mon nez au verrou, sa porte). Néanmoins, la poétesse se tait sur la nature de l’amour dont elle se sent privée (amour conjugal, amour filial, amour familial, amour social …etc….plusieurs types d’amour à la fois).
Un poème typique du genre que Maissa Boutiche affectionne le plus et dont les caractéristiques les plus marquants sont la sincérité, la fluidité et la communicabilité.

 

3 commentaires

  1. Avatar

    Les chemins qui mènent aux écritures sacrées, sont toujours ceux qui obligent à garder le silence de ce que nous ne devrions pas dire pour ne pas trop écorcher notre propre intimité. Les moments choisis pour cela nous viennent souvent par inadvertance , et c’est tant mieux…!

  2. Avatar
    Mohamed Salah Ben Amor

    Cino Gaci Les chemins qui mènent aux écritures sacrées, sont toujours ceux qui obligent à garder le silence de ce que nous ne devrions pas dire pour ne pas trop écorcher notre propre intimité. Les moments choisis pour cela nous viennent souvent par inadvertance , et c’est tant mieux…!

  3. Avatar
    Mohamed Salah Ben Amor

    Ginama Saidani Bien d’inquiétude et de manque affectif pour un beau poème riche en sensibilité

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