Mon cœur est nu et ma source est tarie : par : Maissa Boutiche – poétesse algérienne – Alger 29 décembre 2015 Maissa Boutiche – poétesse algérienne – Alger J’ai traîné mes savates, si souvent Écoutant, pleurer le vent Il me dit dans son souffle : Sois patience à ton endurance Oublie tes maux pour un temps Je lui répondis : Je n’ai plus de larmes pour pleurer Pour t’accompagner Mon cœur est nu et ma source est tarie Mon endurance dure, depuis un temps Et je n’ai plus le temps Les rides commencent à sillonner sur mes traits Et mes cheveux de noirs Deviennent de plus en plus blancs J’ai cru en l’amour d’un temps Et à l’espoir dont j’ai si besoin L’amour s’est avéré tzigan Et l’espoir un joueur de hasard Il séquestre mon beau ciel ou mon rêve Dessine le printemps, en mes ans J’avais si besoin, d’y croire Que mon rêve trouvera un jour au soleil sa place Se conjuguera au présent J’ai enfanté des rêves et des rêves Et chacun d’eux à tracer un bleu Et une douleur qui me poignante plie Fane mes traits … J’ai essayé de supporter mes plaies En écoutant mourir le vent Elles sont devenues plus douloureuses Leur mal est devenu plus violant Et me consume de ses flammes Un nœud, coud l’angoisse dans mes tréfonds Fait fuguer le sommeil de mes yeux Et je regrette, d’avoir offert Dans un plateau d’argent, mes bels ans… J’ai trainé mes godasses, si souvent Regardant le ciel pleurer Et gémir le vent Sur les quais de ma bleue Dans ses vagues en mouvements J’ai essayé de noyer en son sable humide Mes peines et mes chagrins Et j’ignore complètement mon sort Et l’amour qui me punit à tort Brode, en ma vie des tourments… Et j’ai narré mon histoire A la nuit noire Je lui dis que l’attente est une chute indécente Je me sentais un certain temps Une farouche, guerrière combattante Que je retrouverai mon salut un jour, peut être Dans la patience, que je brode dans mes saisons… Ma vie est devenue, comme un rêve inaccessible Que mes frêles épaules portent Que l’amour me séquestre et emporte Ferme à mon nez au verrou, sa porte Maissa Boutiche, Alger, le 27/12/2015 Tous droits réservés Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : C’est tout à fait par hasard que nous restons aujourd’hui pour la deuxième fois consécutive avec la poésie algérienne après le poème que nous avons commenté hier du poète Hatem Arezki. Le poème que nous lirons ensemble cette fois est de Maissa Boutiche dont l’écriture diffère très sensiblement de celle de son concitoyen. En effet , si Hatem n’est nullement profus, les poèmes de Maissa se succèdent à un grand rythme et si le premier se lance dans chaque poème dans une recherche méticuleuse d’images et d’éléments rythmiques , la poésie de la deuxième est empreinte de spontanéité comme nous le voyons dans ce nouveau poème où le discours de la locutrice laisse apparaître un flot d’émotions qui submerge le lecteur et le tient en haleine tout au long du texte. De ce fai, si Hatem Arezki mise sur les écarts linguistiques pour fasciner le récepteur, Maissa Boutiche compte sur la charge émotive que portent les mots pour atteindre le même but. Ce côté émotionnel dont la prédominance donne au poème un caractère purement psychologique, se présente sous la forme d’un ensemble d’affects négatifs dont les plus saillants sont la douleur morale, le regret, le désespoir, le blocage et le tarissement affectifs…et dont la cause e a été affichée à trois reprises :une carence affective sévère engendrée par un manque d’amour (J’ai cru en l’amour d’un temps/ Et à l’espoir dont j’ai si besoin/L’amour s’est avéré tzigan/ Et l’espoir un joueur de hasard – Et l’amour qui me punit à tort Brode, en ma vie des tourments… – Que l’amour me séquestre et emporte/ Ferme à mon nez au verrou, sa porte). Néanmoins, la poétesse se tait sur la nature de l’amour dont elle se sent privée (amour conjugal, amour filial, amour familial, amour social …etc….plusieurs types d’amour à la fois). Un poème typique du genre que Maissa Boutiche affectionne le plus et dont les caractéristiques les plus marquants sont la sincérité, la fluidité et la communicabilité. 2015-12-29 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet