JE SAIS par :Rolande Bergeron – poétesse canadienne-Montréal

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Rolande Bergeron – poétesse canadienne-Montréal

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Je sais des plages frangées d’écume
Et des matins noyés de brume
Je sais des nuits de pleine lune
Et des sentes menant vers des dunes

Mais je sais aussi des contrées de pleine noirceur
Et des sols desséchés et arides

Je sais aussi des enfants décharnés
Suspendus aux mamelles vides des mères

Je sais des rues pavées d’or
En quelque paradis exotique
Je sais des jours chargés de lucre
Et des nuits souillées de stupre
Mais je sais aussi des peuples emmurés tout vifs
Et des yeux morts et des mains vides
Je sais des feux qui tombent du ciel
Et des vents chargés de poisons mortels
Car maintenant, les dieux sont morts
Et les hommes ont pris la relève

Rolande Bergeron – poétesse canadienne-Montréal

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

La vision de soi , de l’Autre et du monde, le trio sur lequel s’érige nécessairement toute expérience artistique ou littéraire change naturellement d’un créateur à un autre selon les convictions qu’il porte et l’orientation intellectuelle qu’il choisit mais quoique cette vision change, elle demeure chez le vrai artiste ou écrivain constante et cohérente .Et c’est là où réside le secret de ce qu’on appelle « singularité ou « spécificité » qui est la condition primordiale pour qu’un tel ou une telle puisse être considéré (e) comme un créateur ( créatrice).
L’auteure de ce poème que vous connaissez bien a choisi résolument, dans la plupart de ses écrits, la voie militante et engagée, comme nous le voyons dans cette vue panoramique qu’elle nous donne du monde entier avec ses contradictions flagrantes sur le plan social , une vue, à vrai dire, digne du grand Karl Marx qui voyait la société humaine divisée en deux classes diamétralement opposées : l’une exploitante et l’autre exploitée .Et c’est justement sur cette dualité que notre auteure a construit son poème ,en alternant ces deux aspects contraires( je sais…/ je sais aussi…) .
Bien entendu, si les religieux de toutes les confessions monothéistes et avec eux les riches en général – et notre globe est totalement entre les mains des riches organisés sous forme de multinationales et défendus par les grandes puissances – vous disent que ces contradictions sont naturelles, du fait que Dieu a créé  le riche et le pauvre, les intellectuels de gauche, eux, dont le nombre a diminué depuis la chute du mur de Berlin vous répondront qu’il s’agit plutôt ici de contradictions historiques et terrestres c.à.d. causées par l’homme et nullement imputables à la volonté divine, (Car maintenant, les dieux sont morts/Et les hommes ont pris la relève), d’où la nécessité de les éliminer afin d’établir l’égalité et la justice sur terre. Et cette discussion continuera, sans aucun doute, jusqu’à la fin du monde .
Sur le plan stylistique, l’auteure a usé massivement de l’hyperbole pour amplifier les aspects luxueux et opulents d’un côté et ceux qui sont pauvres et miséreux de l’autre, afin de rendre l’intensité de la contradiction de base sur laquelle elle a bâtit son texte .D’autre part, grâce à la remarque critique insérée dans les deux ultimes vers, le poème s’est achèvé par une fin pertinente et surprenante.

 

Un commentaire

  1. Avatar
    Mohamed Salah Ben Amor

    Ginama Saidani Une vision d’ un monde noirci par l’homme , l’homme pollueur , ingrat et avide ! Bisou Rolande et Ariel

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