Tant que les étoiles scintillent… par :Mohamed Derkaoui – poète marocain 4 décembre 2015 Mohamed Derkaoui – poète marocain Tant que les étoiles scintillent… Dans les vastes champs Berçant mon quartier modeste J’ai appris à me connaître J’ai vu les colombes naître Le figuier de barbarie Dresser ses raquettes Les faux-bourdons se sacrifier Les reines multiplier les colonies J’ai façonné mes jouets Des restes jetés dans les rues Mon cerf-volant Émerveillait mes yeux Quand loin Il m’emportait dans les cieux Les oiseaux piégés sous mon filet Accentuaient mes appétences fiévreuses Quand à tue-tête Ils criaient et zigonnaient J’étais un enfant choyé La pluie Des perles de rosée Glissant sur mes joues Comme sur des petits arbres forestiers Faisait chanter les graines plantées J’étais un homme petit Je suis un enfant ayant grandi Le béton est partout où je vais Mon cœur se serre de plus en plus Les fleurs jaunes ont disparu Dans les vastes chantiers Dévastant mes plantes adorées J’ai peur des clous empoisonnés Plus loin Mes yeux ne peuvent se promener Plus près Des voix sèment le doute Dans mes acquis Une fois mes paupières alourdies Derrière les murailles Une voie est frayée D’une chorale je fais partie Maintenant je sais A chaque étoile qui scintille Je dois ma vie Bon gré mal gré Mohammed DERKAOUI Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: L’auteur de ce poème nous a habitués à ne pas s’enfermer dans un thème particulier, car, doté d’un regard scrutateur et perçant, il a constamment les yeux grands ouverts sur le monde avec ses différents aspects naturels et culturels, d’où l’extrême diversité des sujets qu’il aborde .Dans ce nouveau poème, c’est la nostalgie de sa propre enfance et l’incompatibilité avec son présent qui le saisissent ,eu égard le changement monstrueux qui s’est produit, après tant d’années, autour de lui et qui a empoisonné son environnement, pour obéir à la soi-disant loi du progrès (Le béton est partout où je vais/ Mon cœur se serre de plus en plus/ Les fleurs jaunes ont disparu/Dans les vastes chantiers/Dévastant mes plantes adorées/J’ai peur des clous empoisonnés/ ).Un autre changement, sans aucun doute, plus grave :l’apparition d’une mentalité rétrograde qui menace de saper tous les acquis de la société à laquelle il appartient (Plus loin/ Mes yeux ne peuvent se promener/Plus près/Des voix sèment le doute/ Dans mes acquis). nCependant , ces deux sensations, somme toute, négatives, du fait que la nostalgie n’est qu’une fuite en arrière et que le sentiment de non-accommodation avec le réel engendre le repli sur soi qui est aussi une forme de fuite du même genre , malgré leur intensité et leur emprise sur l’âme du poète , ne l’empêchent pas d’espérer des jours meilleurs .Ce qui a permis de finir le poème sur un ton optimiste (Une fois mes paupières alourdies/Derrière les murailles/Une voie est frayée/D’une chorale je fais partie). Sur le plan stylistique, et comme il est courant dans ce genre de thèmes, c’est la sensibilité qui a le plus d’intensité et d’effet , d’où la dominance des images calquées sur la réalité et la rareté d’images de création. 2015-12-04 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet