Férial, photographe des empreintes du futur Par : Mustapha Saha 1 novembre 2015 © Mustapha Saha Mustapha Saha, sociologue, poète, artiste peintre. Photographie (c) Férial. Férial, une artiste née Artiste des deux rives, parisienne par sa mère, kabyle par son père, algérienne par son enfance, provençale par sa terre d’élection, Férial, née en 1965, porte l’utopie libératrice dans l’âme et l’émerveillement du futur dans les yeux. Diplômée des Arts décoratifs de Nice (Villa Arson), major de promotion à l’école d’art Beaubourg avec une thèse sur Serge Gainsbourg, Férial n’a de cesse d’arpenter le chemin des broussailles, de se ressourcer dans les avant-gardes planétaires, de labourer les nostalgies régénératrices, de ressusciter les fantômes du surréalisme, de butiner les fleurs de la Beat génération et de la Pop music, de pister les beautés secrètes du street art, de traquer les mystères des marginalités incompréhensibles, de révéler la grâce des misères invisibles, de dévoiler l’humanité cachée des stars inaccessibles, de télescoper les artefacts indicibles. Intérieur-rue. Destinées en rupture de trajectoire, saltimbanques sans plan de carrière, excentiques égarés dans leurs voyages imaginaires, ces résidents permanents de la rue, absences-présences cloîtrées dans leur relégation sociale, observateurs avisés de l’indigence psychologique de leurs contemporains, livrent, en toute confiance, l’intensité de leur regard, où se concentrent, au-delà des vicissitudes matérielles, des souffrances corporelles, des indifférences vexatoires, leur dignité profonde et leur pensée féconde. Férial sait établir, dans l’éternel instant de ses prises de vue, le dialogue silencieux propice aux confidences muettes, capter les intériorités barricadées dans leur pudeur, immortaliser le geste suspendu, le frémissement fugace, le frisson imperceptible, révélateurs de leur grandeur d’âme. Figures de proue. Ces visages connus, penseurs, poètes, artistes, tribuns, éveilleurs de conscience , démystificateurs des vieux mondes oppresseurs, défricheurs de terres solidaires, façonneurs de fraternités incorruptibles, saisis, hors posture publique, dans leur humanité première, dans leur bienveillance méditative, dans leur concentration réceptive, dans leur intimité sensitive , sont autant de balises sur le parcours existentiel de Férial, figures référentielles de sa traverse intellectuelle, bornes éthiques de son implication sociale, jalons philosophiques de sa création artistique. Les rencontres de la photographe avec ses inspirateurs sont souvent imprévisibles, les clichés pris sur le vif, portent la marque de la surprise, transpercent l’image sociale convenue, déclinent des portraits inattendus. Mémoire du futur. L’art urbain investit la rue dans une détonante improvisation collective, germe, se développe et s’épanouit dans les friches abandonnées, dans les gares désaffectées, sur les façades délabrées, sur les ponts inaccessibles, dans la luxuriance de formes, de techniques, d’esthétiques inédites, dans l’explosion des couleurs vives, dans la flamboyance répercutée en multiples reflets par le jeu de miroirs des vitres et des vitrines. Cet art synchronisé par des juxtapositions de hasard tisse imperceptiblement une sémiotique de la ville, détourne les signalétiques robotisantes à des fins poétiques, recharge les regards stressés d’étincelles de merveilleux. L’objectif de Férial traque les présences furtives, les silhouettes fugitives, les ombres fuyantes, qui métamorphosent les fresques murales en dramaturgies vivantes. © Mustapha Saha 2015-11-01 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet