La chute de Grenade :le symbole dont les Arabes n’ont pas saisi les significations profondes ( 2) :par Mohamed Salah Ben Amor

Nous avons dit dans la partie précédente de cet article que le sentiment qui envahit le visiteur du palais d’Al Hamra à Grenade en Andalousie est triple : une admiration vive du génie des architectes, des graveurs et des décorateurs qui l’ont conçu et réalisé , une compassion forte à l’égard de la population grenadienne non chrétienne qu’on a obligée , soit à se convertir, soit à quitter l’Andalousie vers l’Afrique du nord et un grand mépris vis-à-vis de la plupart des princes de la famille régnante, la dynastie d’Al Ahmar qui avaient accepté pour leur principauté le statut de vassalité au royaume de la Castille et combattu aux côtés des rois catholiques les autres villes arabes.
Dès l’entrée au palais, l’emplacement d’une ancienne construction rasée à plat vous fait face à gauche. L’accompagnatrice, une jeune espagnole spécialisée dans ce lieu, a dit qu’il s’agit des restes de la demeure de Bani Siraj, la famille d’un grand ministre qui jouissait d’une grande popularité auprès du peuple mais qui fut victime de la guerre intestine permanente pour l’accès au trône car l’un des concurrents de son prince l’a tué. A droite, se dresse une somptueuse cathédrale qui a été construite plus tard par Charles Quint (1500 – 1556) à la place de la principale mosquée du palais, ainsi qu’un grand palais pour son habitation personnelle .Mais je n’ai pu y mettre les pieds parce que nous, les Tunisiens, nous ne pouvons oublier le massacre que son armée avait perpétré le 21 juillet 1535 dans la ville de Tunis de plus de 60.000 paisibles habitants sur la demande du prince traître Mawlay Al Hassen Al Hafsi qui, ayant été chassé de son trône, sollicita l’intervention du roi espagnol. Ensuite, les soldats envahisseurs avaient transformé la cour de la grande mosquée de Tunis en une écurie pour leurs chevaux
Quelques mètres plus loin, une haute et large citerne de pierre occupe une grande place. Renseignement pris, il s’est avéré qu’il s’agit du cimetière royal sur lequel les espagnols vainqueurs avaient érigé cette citerne pour effacer ses traces. Ils en avaient d’ailleurs fait de même avec les autres cimetières musulmans et juifs de la ville, afin d’effacer à jamais la présence arabe dans ces lieux et d’empêcher les musulmans d’y revenir un jour après leur sortie de la péninsule ibérique.
Ce qui est, tout de même, ironique, est la transformation par les catholiques d’une grande salle sur les murs de laquelle sont gravées des expressions musulmanes en caractères arabes ( Allah est le seul et l’unique- Seul Allah est vainqueur…) en un lieu de prière !
A une question que j’ai posé à l’accompagnatrice sur le secret de cette contradiction ; elle m’a répondu que « la reine Elisabeth aimait beaucoup ces inscriptions ! »
En un mot , le palais Al Hamraa est demeuré témoin de l’intolérance sans pareil dont avaient fait preuve des rois catholiques espagnols au Moyen-âge à l’égard des musulmans , de la traîtrise de la famille régnante de Bani Al Ahmar dont la fin était conforme à ses actes et ses comportements et enfin de la tragédie d’un peuple qui avait été chassé de sa patrie.

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4 commentaires

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    Rolande Bergeron Merci, Mohamed Salah Ben Amor pour cette page d’histoire ! La terre ressemble à un bouillon de sorcière.

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    Mohamed Salah Ben Amor

    Ilhem Hasnaoui Maaouia Merci pour ce partage Mohamed Salah

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    Des cultures qui se mélangent …..un exemple unique?

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    Mohamed Salah Ben Amor

    Sophie Massonnaud Herbouiller Bonsoir Mohamed, je rejoins votre point de vue… émoticône heart
    La chute du dernier bastion arabe de Grenade en Espagne est hautement symbolique, à tous les niveaux !
    La fin d’une ère prospère et le début de la tyrannie catholique, avec l’inquisition et le génocide en Amérique Latine, au nom du Dieu chrétien (beau prétexte pour dépouiller les Indiens de leur terre et de leurs innombrables richesses !).
    Symbolique et catastrophique.
    Merci pour ce partage, amitiés

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