Poème du jour no 4 :Coup de blues et figement par :NWESLA BIYONG 26 juillet 2015 NWESLA BIYONG– poète camerounais Vais-je continuer à prendre des vessies pour des lanternes En commutant mes délires à mes combats Tenir le couteau par le fil Toute ma verve dans les entrailles des ténèbres et de La fixité thématique D’où vient le sel du poème Si les rêves pourrissent dans l’œuf Et ce sexe que je becquette dans l’antichambre de l’amnésie Qu’apporte-t-il au visage froissé de mon vécu Vais-je continuer à prendre des vessies pour des lanternes Et dire à ceux qui dansent qui chantent Qui jouent qui rient qui se moquent de tout que Ce monde schlingue la fin des haricots C’est l’Immonde monstrueux qui monte son hymne N’est-ce pas grand temps de sortir de l’auberge de ma propre flatulence C’est la crise dans ma fange crânienne oui Ou alors la lassitude a raison de moi L’alcool de mon érection scripturale est Une malsaine illusion qui m’aspire m’anéantit N’est-ce pas grand temps de sortir de l’auberge de ma propre flatulence L’Immonde dehors est déjà entré insidieusement en moi Par cet appétit des lendemains joyeux Je n’ai aucune emprise ni sur le passé ni sur le présent Pourtant je me vante de la lumière du futur Ma mine a tout agrégé à l’à-venir des cieux cléments Mince L’étau se resserre sur ma passion louable Pendant que très peu de choses composent le bonheur de la majorité Je creuse l’océan et l’ondée mais tout se comble Mince je m’arrête ! NWESLA BIYONG *************************************************** Commentaire de :Mohamed Salah Ben Amor Sans se départir de son attitude critique à l’égard de la réalité africaine qui se profile tout au long de ce texte sous la forme d’un arrière-fond sombre, le poète que nous avons connu jusque-là comme un militant engagé pour la cause de ses con-continentaux nous dévoile dans ce nouveau texte un visage auparavant insoupçonné, celui d’un homme taciturne non seulement lassé par la vie qu’il mène mais aussi désespéré et d’un pessimisme viscéral vis-à-vis de l’avenir. Ce qui ne concorde pas avec l’esprit militantiste dont il a toujours fait preuve .En réalité ce dédoublement est loin d’être étonnant , vu la situation dans laquelle se débat indéfiniment l’intellectuel africain confronté à mille tracasseries dans sa vie quotidienne. D’où le sens réaliste du militantisme chez cet intellectuel qui se définit comme un surpassement obligatoire de ses faiblesses et affects qui constituent en lui un état d’âme meurtri voire dépressif ( lassitude : « la lassitude a raison de moi » – rupture avec le temps : « Je n’ai aucune emprise ni sur le passé ni sur le présent » – sentiment de persécution : «L’Immonde dehors est déjà entré insidieusement en moi » -refoulement : « ce sexe que je becquette dans l’antichambre de l’amnésie » …etc. ). Saisissant cette dualité charnière sur laquelle a été construit le niveau sémantique texte, nous pouvons dès lord entrevoir une autre conçue en parallèle sur le plan esthétique : il s’agit de la mise en évidence démesurée de l’état psychologique du locuteur en lui consacrant la plus grande place dans le poème, au détriment de l’esprit combatif et militant (mes combats – ma verve) relégué intentionnellement à un second plan presque sous-entendu. Un poème profond et émouvant de la part d’un poète qui nous a toujours convaincu et émerveillé ! Mohamed Salah Ben Amor 2015-07-26 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet