Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :9 – Les poèmes de Mohammed El Qoch:9 -3: Tranches de vie… à l’agonie…! 17 juillet 2015 Mohammed El Qoch – poète marocain Bientôt, j’oublierai tout, Le tableau noir, taché, troué La poussière blanche, irritante, Les cancres qui somnolent La porte qui grince Le courant d’air qui dérange J’oublierai tout Les fins des mois, sans le sous, Les trains de minuit Qui n’arrivaient jamais à temps La grande traversée des champs J’oublierai tout Les contraintes, le mal Les plaies béantes Même ces hommes Qui nous surveillaient Qui s’activaient pour évacuer Les derniers retardataires Dorénavant, ils auront le champ libre Je me souviendrai De ma première journée de classe Des sourires radieux Des petits bouts de choux Des nattes joliment tressées De ces roses que je trouvais sur le seuil Je me souviendrai De mes collègues, une centaine De ces accolades, De ces poignées chaleureuses Des premiers encouragements Vous, qui partez, Bientôt, je vous rejoindrai Attendrez-moi, là, Patiemment sur la grève Nous partirons,ensemble, Conquérir ce nouveau monde Cette nouvelle vie, Cette dernière tranche Cette ultime pente Nous irons chercher le bonheur perdu Au-delà du temps… Même si le sujet traité dans ce poème est apparemment classique et restreint, étant lié à la profession ô combien noble mais difficile d’enseignant et plus particulièrement ici au moment tant redouté de la retraite, l’auteur, fort aussi bien de son expérience dans ce domaine de l’activité humaine que de sa sensibilité lyrique qui lui a permis, des années durant, d’affûter son talent dans la peinture des sentiments et des états d’âme, l’aborde sous un angle pertinent , propice au traitement poétique .En effet, conscient que le côté le plus frappant dans le moment de la retraite en général est un état d’âme tiraillé entre l’amertume engendrée par moult blessures et la satisfaction découlant des bons souvenirs , le poète consacre à ces deux sentiments opposés deux parties clairement inégales de son texte ( 3 strophes pour le premier et seulement deux pour le second ) comme pour insinuer que sa prochaine mise à la retraite ne laissera chez lui aucun regret , ce qui l’inciterait à bien accueillir le troisième âge ( auquel il consacre la dernière strophe ) qui sera peut-être plus clément ou au contraire pour aspirer à un meilleur avenir en faisant suivre le le négatif par le positif .Ce qui a donné, en somme, une structure nettement émotive: souffrance/satisfaction/espérance).Cette exploitation judicieuse et à bon escient de la charge émotive dont le sujet traité est empreint ,bien qu’elle soit la principale source de fascination dans le poème ci-dessus , a été doublée d’un autre procédé non moins ingénieux , à savoir, une chute très évocatrice, du fait qu’elle le fait ouvrir sur un horizon existentiel émouvant (Conquérir ce nouveau monde/Cette nouvelle vie,/Cette dernière tranche/Cette ultime pente/Nous irons chercher le bonheur perdu/Au-delà du temps).Un poème à contenu profondément humain et dont le traitement esthétique est inspiré de la nature du thème abordé. 2015-07-17 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet